domingo, 8 de enero de 2012

La calligraphie persanne

La Calligraphie persane

Page de calligraphie persane en nasta'liq
Faïzabad, vers 1765-1775,
Paris, BnF, Manuscrits orientaux, Persan
Empruntée aux Arabes depuis le Xe siècle, l'écritre persane, très imparfaite dans sa notation phonétique de la langue persane, a su mettre à profit ses ambiguîtés graphiques pour développer, à des fins poétiques, des recherches d'esthétique formelle.

Elles ont abouti à une fructueuse réflexion sur l'écriture qui devait naturellement encourager l'épanouissement de l'art calligraphique. Lié au respect de la parole sacrée du Coran, cet art s'impose aussi en raison de l'importance de l'art du livre dans les cours de culture persane où, depuis le Moyen Âge la tradition culturelle associe la figure du prince lettré, du calligraphe et parfois aussi du poète.

S'ils ont cultivé les différents styles de la calligraphie arabe, les calligraphes persans ont aussi inventé des écritures originales: le ta'liq, qui est une écriture de chancellerie, mais surtout le nasta'liq, qui s'est rapidement imposé pour copier la plupart des textes persans en poésie ou en prose. Vraisamblablement né vers 1375 à Tabriz, le nasta'liq - tout en volutes harmonieuses et en formes arrondies - apparaît curieusement en même temps que le horoufisme, doctrine religieuse qui accorde une aleur sacrée aux lettres. Calligraphie et mystique, du reste, se rejoignent souvent.

Dans l'imaginaire collectif, cette écriture se confond avec la langue persane, et ce malgré l’invention au XVIIe siècle d’une nouvelle écriture, le chekasteh, ou « écriture brisée » qui semble plutôt le fait des milieux de chancellerie.

Inséparable de la poésie, la calligraphie est d'une importance essentielle pour la culture persane. Souvent sertie dans de somptueux encadrements enluminés, elle est un art vivant où la beauté formelle est sans cesse traversée par l'émotion. Forme et fond s'y épousent, dépassant par la magie d'une esthétique intense l'opposition entre forme et sens engendrée par l'ambiguïté d'une écriture qi n'a pas été créée pour la langue qu'elle doit noter.
In
« Ma plume se hâtait alors que j’écrivais : 
elle se brisa quand elle en vint à l’amour. »
Mowlawi


Les mille et une écritures persanes
Il n’existe pas d’écriture persane : au cours de l’histoire, les langues iraniennes ont emprunté leur écriture aux peuples voisins. Ainsi diverses écritures se sont-elles succédées, toutes largement inaptes à rendre parfaitement compte du système phonologique des parlers iraniens.

Micrographie d'une sourate du Coran
Paris, BnF, Mss or., persan
AVIe siècle avant J.-C., c’est l’écriture cunéiforme qui note le vieux-perse, mais les scribes au service des Achéménides étant le plus souvent araméens préfèrent l’usage de l’écriture araméenne pour les besoins de la chancellerie. Cette tradition « araméenne » resurgit sous l’empire des Sassanides (211-645) et c’est alors à nouveau par l’écriture araméenne qu’est notée la langue de l’empire, le pehlevi, ou plutôt pour chaque mot l’équivalent araméen du radical pehlevi suivi de la désinence persane. Ainsi l’interprétation des textes, parce qu’elle suppose la connaissance de l’araméen, soulève-t-elle mille difficultés. De plus cette écriture officielle se trouve concurrencée par d’autres écritures — sémitiques — ; en effet, les Juifs utilisent, pour noter le moyen-perse, les caractères hébraïques, et les chrétiens l’alphabet syriaque.

AVIIe siècle, un nouveau bouleversement se produit avec la conquête, en 634, du plateau iranien par les Musulmans : la langue arabe supplante alors le pehlevi comme langue administrative. L’écriture arabe, écriture du Coran, est entourée de respect par les membres de la chancellerie musulmane. C’est à ces lettrés que l’on doit l’adaptation de l’alphabet arabe pour la notation des textes persans (à partir du Xe siècle), adaptation difficile, certains sons de la langue persane n’existant pas dans l’écriture arabe : ils ont dû être ajoutés par des points à certaines lettres. De plus, l’écriture arabe distingue les voyelles longues — qui sont notées — et les voyelles brèves — qui ne le sont pas —, là où le riche vocalisme persan repose sur des différences de timbre. Cela conduit à un système de notation graphique un peu flou où le même mot peut se lire de plusieurs manières. Mais cette imprécision permet le déploiement de jeux poétiques raffinés qui s’appuient justement sur l’ambiguïté de l’écriture pour faire fleurir suggestion et mystère



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